Notre arrivée au Cambodge restera mémorable… Nous avions entendu dire que les frontières terrestres sont assez désagréables à traverser car tous les douaniers sont corrompus. En plus, ce poste-frontière entre le Laos et le Cambodge est perdue au milieu de la jungle. Il y a une seule route, une barrière et deux petites guérites en bois… Heureusement, nous avions su par d’autres voyageurs que le visa est gratuit pour les enfants. Mais ils nous font croire l’inverse ! Puis ils veulent nous faire payer 35 $ au lieu de 30 $. Comme on ne se laisse pas faire et qu’on leur explique qu’on connaît le vrai prix, ils s’énervent et nous demandent de payer 5 $ en plus pour le coup de tampon… Ensuite, il y a une soit-disant visite médicale qui coûte 2 $ et la classique désinfection des roues du camion… Mais on refuse tout systématiquement. Alors ils s’en vont et on attend… on attend très longtemps sans savoir pourquoi, il n’y a personne d’autres que nous à la douane. Tout ça dans une ambiance exécrable.
On se fait engueuler, on nous laisse attendre exprès, on nous menace de ne pas tamponner nos passeports… Bref un vrai moment de bonheur !
Nous avons quand même la chance d’être autonome avec notre propre véhicule et nous ne sommes pas pressés, donc nous restons zen et nous ne rentrons pas dans leur jeu d’intimidation. Finalement, presque deux heures plus tard, nous récupérons enfin nos passeports et nous pouvons rentrer au Cambodge ! Nous n’avons donc payé que les 60 $ dus pour nos deux visas et rien de plus.
Par contre, nous avons rencontré plus tard des voyageurs, arrivés eux aussi par les frontières terrestres, depuis le Laos, le Vietnam ou la Thaïlande. Chaque fois, l’histoire est la même. Mais en arrivant avec un minibus, les douaniers font exprès de les faire attendre. Le chauffeur du minibus, certainement complice, les menace de ne pas les attendre alors ils payent… Certains ont payé 35 $ sans savoir qu’ils s’étaient fait avoir. d’autres ont payé 30 ou 35 $ pour les visas gratuits des enfants ! Une des familles a refusé de payer, les douaniers les ont fait attendre et le minibus est parti sans eux…
Après cet épisode épique mais vite oublié, nous commençons la découverte du Cambodge en nous dirigeant vers l’Est. Nous faisons un arrêt « technique » à Stung Treng, la première grande ville après la frontière. Comme tout premier jour dans un nouveau pays, nous cherchons un distributeur pour obtenir des billets en monnaie locale. Ici, nous sommes surpris de retirer des dollars. En fait, au Cambodge, ils utilisent les dollars US et les Riels. On peut payer avec l’une ou l’autre des devises et si on paie en dollars, ils nous rendent la monnaie en riels, ou en dollars et en riels. Au départ, c’est assez déroutant ! Ensuite, il faut s’habituer au calcul mental. Nous allons aussi acheter une carte 3G pour rester connecté, faire des courses au marché… On essaie de mémoriser les prix pour avoir quelques repères et connaître le prix du pain, des légumes et des fruits. Il nous faut aussi oublier les quelques mots qu’on savait dire en laotien et apprendre rapidement quelques formules de base en Khmer.
Stung Treng est une grosse ville, assez poussiéreuse et vraiment pas agréable. Tout le monde se déplace en scooter, y compris dans le marché. Nous trouvons qu’il y a énormément de monde et de bruit ! Quel changement après le Laos, si paisible, qui est d’ailleurs le pays d’Asie du Sud-Est avec la plus faible densité de population…
La nuit arrive et nous manquons d’inspiration pour trouver un bivouac, surtout dans cette grande ville. Nous allons donc demander aux moines de nous accueillir dans la cour du temple. Nous l’avons déjà fait au Laos, c’est facile et la réponse est toujours positive. Mais la contre-partie c’est qu’on sait qu’on sera réveillés avant l’aube avec les chants et les prières…
Nous rencontrons un moine très sympa, qui étudie l’anglais et qui est bien content de pouvoir pratiquer avec nous ! Il nous fait visiter le temple, sa chambre, son lieu de vie et même les cuisines. Par contre, ce qui est moins sympa c’est qu’il met un petit chaton dans les bras de Gaëtan et Théotime en leur proposant de l’adopter ! Bien sûr, il est très mignon, adorable, tout petit, mais il n’est pas question d’adopter un chat, ni n’importe quel autre animal d’ailleurs ! C’est impossible. Alors évidemment, nous sommes devenus tout à coup des parents horribles, méchants, sans cœur… On les adore nos enfants quand ils râlent… ;-)
Le lendemain, nous prenons la route vers l’Est jusqu’à Banlung. Nous avions dans l’idée de faire un trek dans la jungle pour aller voir des gibbons. Mais ce n’est plus la saison. On envisage quand même de faire le trek pour découvrir les villages reculés et les ethnies de cette région, mais finalement nous manquons de courage. La mousson est toujours bien là, il pleut presque sans discontinuer depuis quelques jours alors l’idée de marcher dans la boue sous la pluie pendant 2 jours ne nous motive pas trop…
Profitant d’une accalmie, nous allons passer l’après-midi au Boeng Yeak Lom, un joli lac de cratère,qui aurait été créé suite à l’impact d’une météorite. Normalement, l’eau est censée être bleue transparente mais comme il fait tout gris, le lac n’est pas si photogénique… Les garçons en profitent bien quand même, ils se baignent et font des plongeons. Nous y rencontrons deux couples de français qui voyagent pendant 2 mois au Cambodge et au Laos. Nous échangeons nos expériences de voyage ! Mais la pluie revient, alors nous les « invitons » à boire un verre et nous allons tous nous réfugier dans le camping-car !
Le jour suivant, le soleil fait une petite apparition, alors nous décidons d’aller à la cascade Ka Tieng. Comme il y en a plusieurs autour de Banlung, nous choisissons la plus facile d’accès. Mais c’était sans connaître l’état de la piste pour s’y rendre. Évidemment, quand on demande aux locaux si on peut prendre le chemin avec notre gros véhicule non 4X4, ils nous disent toujours oui, pas de problème. Deux jours de pluie sur une piste en terre pleine de trous, ça donne une expérience un peu stressante. Mais le plus drôle c’est qu’une fois qu’on est engagé, on ne peut plus faire demi-tour et en plus, le chemin est très très long ! Finalement, on ne s’en sort pas si mal, Bertrand manœuvre au mieux et on arrive à sortir de toutes les ornières de boue. Au bout de quelques kilomètres, on trouve un endroit pour se garer sur le côté. On abandonne le camping-car et on finit à pied. Il reste un peu plus d’un kilomètre, mais de toute façon, on va plus vite en marchant ! Nous nous baignons devant et sous la cascade. Ce n’est pas la plus belle cascade que nous ayons vue, mais nous profitons de ce bon moment de détente avant de retourner jusqu’au camping-car et de refaire le chemin en sens inverse.