Ça y est, nous sommes en Patagonie ! Nous débarquons à Chaitén en pleine nuit. Pas idéal pour trouver un bivouac dans le noir… Mais nous nous garons dans un petit coin tranquille au bord de la mer, après avoir inspecté le sol à la lueur de nos lampes de téléphone afin d’éviter de s’enfoncer dans le sable.
Le lendemain matin, nous nous réveillons dans un joli décor. Puis, tout à coup, alors que les enfants sont en train de travailler, nous apercevons des dauphins ! Évidemment, on abandonne les stylos et les cahiers et on court dehors avec nos appareils photos ! Les propositions subordonnées relatives ou les nombres décimaux ne peuvent pas rivaliser avec les dauphins. C’est comme ça l’école en voyage, il se passe toujours quelque chose… Dur dur de se concentrer…
Nous allons ensuite à Chaitén faire quelques courses et profiter du wifi gratuit sur la place du village. Cette ville a été presque totalement détruite lorsque le Volcan Chaitén, jugé éteint, s’éveilla en mai 2008, détruisant les habitations, les routes et les ponts, provoquant des inondations et causant la mort de milliers d’animaux. L’éruption dura pendant près d’un mois et la ville fut en partie ensevelie par les coulées de boues, puis recouverte de cendres volcaniques. Tous les habitants avaient pu être évacués, mais ils ont ensuite attendu des années avant de retrouver leur ville. Le gouvernement avait envisagé de reconstruire une nouvelle ville à Santa Barbara, 10 kilomètres plus loin, mais les habitants s’y sont opposés et ils ont reconstruits Chaitén au même endroit qu’auparavant.
Nous passons ensuite une nuit sur la belle plage noire de Santa Barbara, avant de nous lancer dans l’ascension du volcan Chaitén. Plusieurs personnes nous avaient recommandé de faire cette rando alors nous avons attendu le « beau temps » pour pouvoir profiter de la vue. En milieu de matinée, nous sommes prêts, le ciel semble s’être découvert et il ne pleut plus alors nous partons vers le cratère. Évidemment, la pluie est revenue à peine une heure plus tard… Cette fois-ci, nous sommes bien équipés, nous enfilons nos capes de pluie et nous poursuivons sous la pluie. (Pour l’anecdote, nous inaugurons nos capes de pluie après 1 an et demi de voyage ! Nous les avions emmenées en pensant à la mousson en Asie. Mais comme elles étaient bien rangées au fin fond de la soute, nous ne les avions jamais sorties !)
La pluie redouble et le sentier, de plus en plus abrupt, devient très difficile. Nous escaladons entre les rochers glissants et la boue. Mais il est hors de question d’abandonner.
Nous arrivons finalement au sommet et le spectacle est à la fois décevant et extraordinaire. Le panorama est fascinant, avec une vue plongeante sur le cratère. Mais nous sommes tellement frustrés de n’en percevoir que quelques miettes… En plus de la pluie, un vent glacial souffle et les nuages nous cachent le panorama… Nous tentons de faire néanmoins quelques photos, puis nous redescendons, en prenant le temps de bien poser nos pieds pour ne pas dévaler toute la pente, devenue une longue piste de boue. De retour au camping-car, nous nous préparons une soupe bien chaude et nous prenons une douche. Quel luxe ! Puis, toute notre « maison » est décorée avec tous nos vêtements trempés.
Nous repassons ensuite à Chaitén pour faire quelques courses puis nous partons (enfin) vers le sud sur la fameuse « Carretera Austral », le nom donné à la Ruta 7, une piste de terre et de graviers d’environ 1200 kilomètres, qui relie Puerto Montt à Villa O’Higgins, avec quelques passages en ferry. (En fait, il y a maintenant de plus en plus de tronçons bitumés.) Réalisée sous le régime de Pinochet, elle avait pour objectif de relier les différents villages ou villes de cette région reculée du Chili. Ce fut un travail colossal pour créer une voie à travers les fjords et les roches glaciaires. Les travaux durèrent plus de dix ans et la première portion fut ouverte au public en 1988. Depuis, ils continuent à la prolonger et déjà presque la moitié de son trajet est désormais goudronnée.
Mais la Carretera Austral est surtout devenue une route touristique. Elle traverse des forêts primaires, des fermes de pionniers, longe des glaciers et des rivières turquoise et serpente entre des lacs et des montagnes enneigées. Elle passe par des villages isolés, où on peut trouver des petites épiceries et une station service, indispensables pour pouvoir poursuivre jusqu’à l’étape suivante.
Nous sommes donc tout excités de partir à la découverte de cette région sauvage du Chili sur cette route devenue mythique et qui attire désormais de plus en plus de voyageurs.
Peu après Chaitén, nous longeons le « Lago Yelcho » et nous nous arrêtons pour voir le glacier suspendu. Nous ne le voyons que de très loin, mais c’est le premier qu’on voit !